C’est un film sur le travail lié à la création. J’ai choisi de montrer le travail du pianiste, Jean-Louis Haguenauer. Plus précisément son travail sur les vingt-quatre Préludes de Claude Debussy. Il s’agissait de filmer l’élaboration de ce travail, tel que le conçoit Jean-Louis Haguenauer, chez lui, seul, face à son piano. Que fait-il des heures entières à son piano. Quelle est son approche de l’œuvre ? Comment « trouve »-t-il son interprétation ?

Je l’ai filmé quelques jours par mois, durant huit mois, en Super 16 mm Couleurs sur pied, afin de prendre le temps de clarifier ma pensée sur chaque plan, sans impatience, car il s’agit aussi d’une réflexion sur mon propre travail de cinéaste, c’est à dire un travail sur le regard. Le choix d’un axe, d’une focale, d’un cadre décide de notre transport. Comment pense un musicien ? Et comment le cinéaste qui le filme le regarde-t-il? Ce travail du pianiste m’apparaît comme une spirale dont je serais le témoin attentif, afin que nous en gardions quelques éclats en mémoire.